UN STEAK - Jack London - 72 p.
« Il rit avec le plus de conviction possible tandis quâelle se serrait plus fort contre lui. Par-dessus ses Ă©paules, il regarda la piĂšce vide. CâĂ©tait tout ce quâil possĂ©dait au monde, avec un loyer de retard, plus elle et les gosses. Et il quittait tout cela pour aller chercher dans la nuit la nourriture pour sa compagne et ses petits â pas comme le travailleur moderne rejoignant sa corvĂ©e machinale mais Ă la maniĂšre animale ancienne, primitive, royale : en se battant pour lâavoir. âSi câest gagnĂ©, câest trente billets et je peux payer tout ce quâon doit avec un peu dâargent en plus. Si câest perdu, jâaurai rien, mĂȘme pas un penny pour rentrer Ă la maison en tramâ. »
Un steak est la plus rĂ©ussie des quatre nouvelles de Jack London Ă©voquant le « noble art » : le texte dĂ©pouillĂ© au ton clinique et Ă la prĂ©cision millimĂ©trique donne au lecteur le sentiment de pĂ©nĂ©trer au cĆur mĂȘme de lâagir pugilistique. Cet effet de rĂ©el doit beaucoup Ă la longue expĂ©rience de praticien et dâobservateur de la boxe de lâauteur de Martin Eden.
IllustrĂ© par Thierry Guitard, traduit par FrĂ©dĂ©ric Cotton (traducteur dâHoward Zinn et Orwell), ce petit texte est prĂ©facĂ© par le sociologue LoĂŻc Wacquant (Corps et Ăąme, Parias urbains, Les Prisons de la misĂšre) qui analyse les liens entre pauvretĂ©, virilitĂ© et monde pugilistique.
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