Loin des censier battus
Collectif 2007 254 pages
" Tout a dĂ©butĂ© par un malentendu : les Ă©tudiants se mĂȘlaient de ce qui ne les regardait pas. Ă la rĂ©volte de la racaille des banlieues on avait pu rĂ©pondre par la violence policiĂšre, par des camĂ©ras de surveillance, du mĂ©pris et des mesures dâexception. Façon de dire aussi que le reste de la sociĂ©tĂ©, les jeunes en particulier, les vrais, devaient par dĂ©finition sâen sentir distinguĂ©s. Or le projet de Contrat nouvelle embauche (CNE) et celui qui concernait le premier contrat des jeunes en particulier (CPE), la loi dĂ©nommĂ©e LEC dans son ensemble, Ă©taient prĂ©cisĂ©ment destinĂ©s Ă augmenter cet Ă©cart, Ă marquer plus fermement la diffĂ©rence entre les jeunes Ă©tudiants et travailleurs prĂ©caires et la masse anonyme des classes dangereuses de banlieue, ou le groupe obscur des pas-formĂ©s sous-qualifiĂ©s. Le dĂ©linquant et le mal insĂ©rĂ©, câest toujours un autre. Les mĂ©dias Ă©taient Ă lâhiver 2005-2006 unanimes, le CPE ne concernait pas les Ă©tudiants pour toutes les raisons possibles, dâĂąge, de statut, etc. Ăa aurait dĂ» passer comme le reste. Pourtant, non. Câest lĂ que prend forme, dans cette universitĂ© du centre de Paris, au public relativement mĂ©langĂ© mais globalement aisĂ© mĂȘme si de nombreux Ă©tudiants sont Ă©galement salariĂ©s, ce qui va devenir un mouvement cohĂ©rent et assez solide pour tenir deux mois sans flĂ©chir. Les Ă©tudiants ont dĂ©cidĂ© que ça les regardait. Et que ça regardait tout le monde, en fait. On les a Ă©coutĂ©s, on les a entendus. Trois millions de manifestants le 28 mars. Dans toutes les actions lâuniversitĂ© Paris 3, Ă©tudiants, personnels, contractuels est reprĂ©sentĂ©e en nombre. Sa banderole gĂ©ante fait la une du Times : sauvons nos droits. "
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